138                         HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
ment sur chacune d'elles. Nous devons nous contenter d'une énu­mération rapide.
La double suite conservée à l'abbaye cistercienne de la Chaise-Dieu, près Brioude (Auvergne), ne compte pas moins de quatorze panneaux, sur lesquels les scènes de la Fie du Christ sont rap­prochés de sujets correspondants pris dans l'Ancien Testament. La première série compte trois pièces, la seconde onze. Toutes ont été gravées dans le grand ouvrage de Jubinal, auquel nous em­pruntons le dessin publié ici, et représentant Ies saintes femmes au tombeau de Jésus, à côté de Ruben debout auprès du puits où a été abandonné son frère Joseph. Chaque panneau réunit plusieurs . scènes superposées suivant un usage très fréquent alors. Les ar­moiries de Jacques de Saint-Nectaire, trente-sixième abbé de la Chaise-Dieu, répétées sur tous les tableaux, permettent de placer l'exécution de la tenture entre les années 1492 et 1518, dates de la nomination et de la mort de cet abbé.
A la même époque appartiennent plusieurs des tapisseries con­servées dans la cathédrale d'Angers, à côté de l'Apocalypse, tapis­series qui font de cette église un musée incomparable pour l'étude de la haute lice.
Le lecteur trouvera dans ie présent ouvrage nne reproduction en couleur des scènes de la Vie de saint Martin, une des perles de cette rare collection. Le fragment dela Vie de saint Maurille, l'Histoire de saint Jean-Baptiste, Ies trois pièces d'une originalité si charmante où sont figurés les Anges portant lés instruments de la Passion, à côté de larges écriteaux chargés d'inscriptions en vers français, enfin la curieuse verdure à chardons exubérants, sont à peuprès de la mème date. Nous donnons ci-contre, le des­sin d'une verdure identique à celle d'Angers, récemment acquise par le musée des Gobelins.
Les provinces du centre de la France ont probablement possédé vers cette époque une florissante école de tapisserie,- car ses repré­sentants ont laissé de nombreuses traces de leur habileté dans les églises de la région. M. de Farcy a établi que beaucoup des ten­tures énumérées plus haut avaient été tissées pour l'église d'An­gers et très vraisemblablement clans le pays même.
La mème cathédrale possède aussi quatre pièces représentant des sujets de la Passion, qui se trouvaient, en 1789, à l'église Saint-Saturnin de Tours.